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HOMMAGE A L’AUDITEUR DE JUSTICE MILITAIRE COMMANDANT ASSAFOGAN KOMLA RENE

HOMMAGE A L’AUDITEUR DE JUSTICE MILITAIRE COMMANDANT ASSAFOGAN KOMLA RENE

 

Le vendredi 20 novembre 2020 fut un vendredi noir au Centre de Formation des Professions de Justice (C.F.P.J). Comme un rêve, le ciel s’assombrit au-dessus de notre centre alors que nous étions en pleine activité pédagogique. L’auditeur de justice militaire, Commandant (CDT) ASSAFOGAN Komla René n’est plus dans le monde des vivants. En ce jour de fin de formation, la promotion 2019-2021, sa promotion, c’est-à-dire la troisième du CFPJ, saisit cette occasion pour rendre un vibrant hommage en mémoire de l’illustre disparu.

S’il est certain que nul être humain n’est éternel sur cette terre, il n’en demeure pas moins vrai que le temps de notre passage dans ce monde continue de susciter autant de questions auxquelles l’être humain n’a jamais réussi à trouver une réponse acceptée par tous, en tout temps, en tout lieu, et en toute circonstance.

SENEQUE, un éminent penseur de la Rome antique disait : « La vie est une pièce de théâtre : ce qui compte, ce n’est pas qu’elle dure longtemps, mais qu’elle soit bien jouée ».

Aucune parole ne peut combler le vide immense laissé par l’absence de notre collègue feu CDT ASSAFOGAN Komla René. Les mots sont faibles, les mots semblent dérisoires, mais seuls les

mots peuvent dire l’immensité de notre chagrin. Seuls les mots peuvent dire notre affection et notre admiration pour lui. Cependant, n’ayant pas aujourd’hui, trouvé de mots justes pour expliquer l’inexplicable, ou consoler l’inconsolable, nous nous sommes résolus à faire face à cette vérité selon laquelle, sur cette terre, nous sommes juste appelés à jouer un rôle comme dans cette pièce de théâtre puis à disparaitre.

Et comme à la sortie d’une pièce théâtrale ou d’un film, la plupart des spectateurs commentent les rôles des différents acteurs, voire expriment la manière dont la pièce devrait se terminer, nous allons aussi relater quelques temps forts de cette pièce qui nous a profondément marqués.

C’était dans la matinée du 20 novembre 2020, que les rideaux d’une pièce qui a duré 46 années sont tombés. Et « mon Commandant », comme nous l’appelions affectueusement, sinon pour être plus formel, l’auditeur de justice militaire ASSAFOGAN Komla René, qui était l’acteur principal finissait de jouer son rôle.

Qui est donc l’auditeur de justice militaire feu CDT ASSAFOGAN Komla René, celui-là que nous pleurons en ce moment ?

Né le 10 février 1974 à Notsè (préfecture de Haho), de parents cultivateurs, le jeune ASSAFOGAN Komla René a fait ses débuts professionnels dans l’armée. Titulaire d’une licence en droit privé, il a été admis au concours des officiers de l’armée et a suivi ladite formation de 1996 à 1999 à l’école de formation des officiers des Forces armées Togolaises (EFOFAT-PYA). Jeune officier dynamique et serviable, il a gravi les différents échelons jusqu’au grade de Commandant. Toujours dans la quête perpétuelle du savoir et du travail bien fait, il a continué les études universitaires parallèlement à sa carrière militaire et a obtenu son diplôme de maitrise en droit privé des affaires en 2009. Fort de ce diplôme, il sera admis sur titre pour la formation de magistrature au CFPJ.

C’est ainsi que notre histoire commune a commencé le lundi 04 novembre 2019, date de la rentrée académique au CFPJ pour la formation de magistrature. D’un effectif de 25 auditeurs de justice dont 05 militaires et paramilitaires regroupés au sein de la 3e promotion du CFPJ, l’aventure devrait durer 02 ans ensemble. Ce jour-là, alors qu’il s’était agi de désigner le chef de bord provisoire du bus 2019-2021 des auditeurs de justice, autrement dit, le délégué provisoire de la promotion, la direction des études vint nous communiquer le nom du doyen d’âge en la personne de M. ASSAFOGAN Komla René, conformément au règlement intérieur du centre. Au cours de cette transition, le délégué n’a cessé de démontrer ses capacités de management, du sens d’écoute et du travail bien fait. Ces qualités ont permis de le reconduire à l’unanimité aux élections officielles. Avec humilité, il a accepté de servir ces jeunes que nous étions.

Grand de par sa simplicité et homme de conviction qui fait preuve d’une détermination inébranlable, il était tolérant, actif et volontaire. D’apparence imposante et bien soignée, très imbu du travail bien fait, il aimait donner l’exemple. Il était tout ce dont on avait besoin de savoir sur les valeurs d’un homme sociable en général et d’un militaire en particulier. Très attaché à la réussite de toute la promotion quel qu’en soit le prix, à la cohésion et à la discipline professionnelle, notre Commandant avait des méthodes propres à lui pour faire passer le message. Par des mots doux, il ôtait sa casquette de Commandant des FAT (donneur d’ordre) pour celle d’un acteur au dialogue en vue d’un consensus. Quelquefois lorsque l’avancée devenait dure à cause du poids des interminables évaluations, il n’a jamais cessé de nous encourager à être dur pour avancer à travers le sens de son humour. « Ne dormez pas chers camarades, le sommeil est criminel » aimait-il nous dire souvent pour nous encourager au travail. On écoutera plus ses blagues qui nous arrachaient le sourire et nous remontaient tant le moral : « mauvais juge », « victoire la sauvage », pour ne citer que ceux-là, tellement la liste est longue. Bref, nous ne nous sommes jamais ennuyés avec notre Commandant. En tant que doyen d’âge, il nous a appris la vie, l’amour, et le travail. Il nous a appris comment s’investir pour ses proches, et pour tous les autres. En un mot, il nous a appris l’esprit de sacrifice et de cohésion.

Alors que nous avions entamé une énième évaluation en ce mois de novembre 2020, l’homme fort fut affaibli par un début de paludisme, mais avec son arme de combattant, il résistait. Bien qu’hospitalisé à l’infirmerie du camp Lomé 2 centre, il n’a pas abandonné le champ de batail. Il vint composer le 12 novembre 2020 dans la matière de siège pénal. Aussitôt fini, il regagna son lit d’hospitalisation. Espérant revoir le Commandant dans les prochains jours, nous n’aurions jamais cru qu’il venait de faire sa dernière comparution au C.F.P.J ce jour. Qui pouvait le savoir ? Personne, excepté le créateur. Du camp où il a été hospitalisé, il fut évacué au pavillon militaire du CHU SYLVANUS OLYMPIO où il effectua un test COVID 19 qui se révèlera positif, puis transféré au CHR Lomé-Commune la nuit du 17 au 18 novembre 2020. Le Commandant abandonna son arme de bataille puis s’en alla auprès du Père juste 48 heures après son transfert au CHR Lomé-commune, nous laissant orphelins jusqu’à la fin de la formation ce 27 janvier 2022. Ce jour-là, c’est en vain que nous avons recherché son nom dans le classement final, mais hélas ! Ainsi, de 25 auditeurs au départ, nous avions finis à 24.

Avec ce départ, ce départ dans la lumière bleue du cosmos, il sera à jamais présent dans nos cœurs et dans nos vies. Puisqu’il est officier, et qu’après Dieu c’est l’officier, et qu’il a toujours été si proche de lui, il lui réservera une place de choix là-haut.

Va en paix très cher délégué. Nous sommes très fiers de toi. Que tes œuvres t’accompagnent.

Toute la promotion 2019-2021 des auditeurs de justice du CFPJ te rend un vibrant hommage.

CFPJ

Le Directeur Générale s’adresse à vous